Émile-Louis MINET est né à Rouen, 246 rue Martainville où son père tenait un débit de boisson. Très tôt, le jeune Émile commença à dessiner et reçut quelque enseignement à l’école des Frères de la rue Saint Lô. Puis son père soucieux de son avenir le confia à un dessinateur d’indiennes pendant 3 ans mais cet aspect industriel du dessin le rebuta.
À 17 ans, Émile-Louis sur les conseils de sa famille, partit apprendre le travail du tissage de laine à Elbeuf.
À 25 ans, associé à son père, ils créèrent une entreprise d’apprêteur de drap qui finit par péricliter du fait de la crise, de moyens insuffisants et sans doute parce que ce n’était pas son destin. Ruiné, Émile-Louis décida de revenir à sa passion et, aidé financièrement par des amis, se mit au travail en étudiant à l’École de Dessin de Rouen sous la direction de Gustave Morin puis de son ami et peintre de renom Edmond Rudaux. Il se perfectionna auprès des peintres parisiens Humbert, Jules Lefebvre, Gervex et Guillemet. Attiré par la nature il accompagna le paysagiste César de Cock sur le motif dans la région de Gasny pas très loin de Giverny… Il excella alors dans les tableaux champêtres et surtout de fleurs qui devinrent un temps sa signature. Sa première exposition eut lieu à Rouen à l’Exposition Municipale de 1874 où il présenta le « Déjeuner Normand », sujet obligatoire et un « Bouquet de Chrysanthèmes ».
Suivirent en 1876 et 1878 d’autres œuvres plus abouties, comme « le Chemin du Lavoir » ou « une Cour de Ferme ».
De 1876 à 1880 il se confronta alors au Salon de Paris avec notamment « Un lavoir à Gasny » et « Fleurs des Champs » qui attira l’oeil des critiques. Le succès sera au rendez-vous en 1880 avec « Les Apprêts d’un Reposoir en Normandie » et « Les Chrysanthèmes ». Toujours au Salon de Paris en 1881 Émile-Louis présente une grande toile de 3 m sur 2 m sobrement intitulée « Fleurs des Champs ».
En 1882 à Paris, sa première peinture de genre « Les foins de Saint-Aubin » séduisit la critique par l’impression de mouvement du sujet et il fut récompensé par une mention honorable.
En 1883 ce fut « la Pêche à L’Épervier », scène de pêche à Orival près d’Elbeuf puis en 1885 « L’appel au Passeur », œuvre qui lui valut la Médaille d’Or au 30e Salon de Rouen en 1886 mais qui ne fut pas acquise par la Ville. Toujours en 1886, Émile-Louis envoya au Salon de Paris « Un reposoir de Village » qui n’eut pas le même succès. Habitant désormais à Freneuse entre Pont-de-l’Arche et Elbeuf, ses sujets de prédilection de la vie paysanne sur les bords de seine lui firent créer « le Retour des Moissonneurs » en 1888 acheté aussitôt par un amateur américain ; « Le Passage de la Mariée » fut exposé au Salon de Paris en 1889. Soucieux de s’émanciper, il partit en 1889 vers l’Afrique du Nord où le choc de la lumière le déconcerta quelque peu pour revenir vers sa Normandie et ses lumières. En 1892 « la Levèe des Nasses » et « Rivière sous Bois » en 1893 « Le Passage de Martot » en 1894 « les Pêcheurs sur la Meuse » furent présentés au Salon de Paris.
En 1894, grâce au train, Émile-Louis fit quelques voyages sur la Riviera française d’où il rapporta des toiles lumineuses exposées au Salon de Paris de 1895 puis à celui de Rouen qui décida les amateurs à acheter ses œuvres. En 1894 un industriel d’Elbeuf, M. Gasse commanda à Émile-Louis deux grands panneaux destinés à la décoration de son château de Bourgtheroulde : « l’Agriculture » et « l’Industrie du Drap ». À partir de cette date, Émile-Louis enseigna son art à de nombreux élèves.
Du 15 juillet 1905 à 1922 il fut Conservateur du Musée des beaux-arts de Rouen (rédige le Catalogue des Ouvrages du Musée en 1911) et mit en place le 13 novembre 1909 la salle Depeaux (53 œuvres : Lebourg, Sisley, Monet, Guillaumin, Pinchon, Couchaux, Delattre, Fréchon…) mais aussi la salle Géricault avec l’acquisition de « L’officier de chasseurs chargeant ».
Le 8 juin 1917, il fut admis Membre de l’Académie des Sciences, Belles Lettres et Arts de Rouen après avoir été nommé officier de l’Instruction Publique.
Il mourut le 28 avril 1923 à Vernon et est inhumé au cimetière Monumental de Rouen.
Sa fille Marguerite, née le 2 octobre 1874, épousa Albert Lemercier le 11 juillet 1896 à Rouen dont l’auteur de ce texte est issue.